Cameroon Business Forum à Douala, on parle business
La 10ième édition du Cameroon Businees Forum s’est tenue le 18 mars dernier dans la capitale économique camerounaise, Douala sous la présidence effective du tout nouveau premier ministre camerounais Joseph Dion Ngute en présence de plusieurs opérateurs économiques. Mais la plus grande interrogation du CBF reste celle de savoir s’il est toujours possible de faire du business au Cameroun ?
La plate forme d’échanges et de partenariat public privé, initié sous le prisme du Commonweath, est devenu un rendez-vous quasi annuel des acteurs de l’économie nationale. C‘est donc à un point d’arrêt majeur qu’il faudrait s’attendre tous les ans pour faire ce qu’il convient d’appeler ici le bilan. Un échange entre le gouvernement et le secteur privé qui vise à améliorer le climat des affaires au Cameroun. A Douala, lieu de convergence de l’acte 10 du CBF, l’ambiance a été celle des grands débats. Au delà des recommandations, les participants au CBF 2019, sont revenus sur les conditions favorables à une meilleure productivité des entreprises de manière à garantir la croissance.
Au cours des dix dernières années, le Cameroun semble avoir fait d’énormes progrès dans le cadre de l’amélioration de son climat des affaires. C’est du moins ce qui ressort des propos du Premier ministre, Joseph Dion Ngute qui présidait les travaux de cette autre édition du Cameroon Business Forum (CBF). Le chef du gouvernement a énuméré les avancées enregistrées depuis une décennie évoquant au passage que « des 10 dernières années précédentes, le CBF a conduit à l’adoption de près de 200 recommandations dont 150 ont été effectivement exécutées et près de 90 ont abouti à des réformes déterminantes » pour ne citer que ces retombées.
Le patronnât toujours en attente
Parmi les plus marquantes on peut citer, selon Joseph Dion Ngute, la réforme globale de la création d’entreprise, avec la mise en place des centres de formalité de création d’entreprises, la réduction du capital à 100 000 francs CFA et le recours optionnel aux notaires dans le cadre de la constitution d’une société à responsabilité limitée. On note en outre, a indiqué le Premier ministre, « la possibilité de procéder à la création en ligne d’une entreprise, grâce au guichet électronique mybusiness.cm ». Par ailleurs, des avancées significatives ont été enregistrées en matière de dématérialisation de procédures. Notamment en ce qui concerne les opérations de commerce extérieur et l’instauration du plan fiscal de la télédéclaration et de la télé payement. Sans oublier les réformes engagées pour simplifier les règles de construction et d’occupation de sol. Lesquelles sont très encourageantes. Dans la même perspective, on note la création d’un guichet unique dans le domaine foncier et en matière de traitement des actes d’urbanisme. D’après Joseph Dion Ngute, il y a lieu de souligner « l’expérimentation en cours au sein de la Communauté urbaine de Douala, d’un guichet pilote pour l’informatisation des procédures ».
Améliorer le doing business
Toutes ces réformes concourent ainsi à la simplification des procédures et à la réduction de leurs coûts, dans l’optique de rendre l’environnement des affaires plus attractif. Malgré les efforts communs, le chemin à parcourir reste long et se traduit par le fait que la position du Cameroun dans le classement du Doing Business de la Banque Mondiale tarde à produire les résultats escomptés.
La pile de la crise anglophone toujours amère
Très attendu également, lors du CBF, l’intervention du président du GICAM, Célestin TAWAMBA, qui est revenu sur le contexte économique difficile dans lequel il se déroule tant pour les entreprises mais également pour l’Etat qui font, en effet face, à la crise des régions dites anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest avec des conséquences graves sur l’activité économique. De même qu’une pénurie sévère des devises induit un ralentissement important des opérations commerciales avec l’étranger. Le patron du Gicam est également revenu sur le sentier tracé en 2009 pour mettre en évidence les retards enregistrés notamment en termes de croissance, d’investissement et de développement industriel. Dans ce dernier domaine, le pays affiche plutôt un décrochage industriel qui l’éloigne de ses objectifs d’émergence. En outre, aucune émergence n’étant possible sans investissements, l’orateur a appelé à un redoublement des efforts pour passer des 4 800 milliards Fcfa actuels à une moyenne de 7 000 milliards Fcfa d’investissement sur les sept prochaines années.
Cette 10ème édition du Forum annuelle dont le thème était « Emergence et développement de l’investissement privé » s’est distinguée par plusieurs innovations sur le format des travaux et notamment l’introduction des ateliers thématiques. Lors de la plénière d’ouverture, le Délégué du Gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Douala, le Dr Fritz Ntone Ntone a vanté les mérites de la ville de Douala comme creuset de l’intégration et épicentre économique du pays avant de présenter quelques projets phares lancés par la ville pour consolider cette position, notamment l’ouverture du guichet unique des actes d’urbanisme et le lancement de la société métropolitaine d’investissement de Douala (SMID).
A sa suite, le Président de la Chambre du Commerce, de l’Industrie, des Mines et de l’Artisanat (CCIMA) a salué le nouveau format des travaux mais a également déploré le rythme de mise en œuvre des réformes. Christophe EKEN a appelé à une conjugaison des efforts pour relever cinq défis majeurs de l’heure qui sont, selon lui, la diversification de l’économie et l’amélioration des capacités de production, la facilitation des procédures, l’amélioration des infrastructures d’appui au commerce, la promotion du made in Cameroon et la résolution des crises sécuritaires auxquelles le pays fait actuellement face.
L’UE en première ligne
Le Chef de la Délégation de l’Union Européenne, parlant au nom des partenaires techniques et financiers, s’est félicité de la résilience du CBF au regard de la régularité de la tenue de son forum annuel et a réaffirmé la disponibilité des partenaires à l’accompagner dans sa quête d’efficacité pour un dialogue davantage orienté vers des résultats. Des actions importantes comme la recapitalisation de la BC-PME, l’informatisation du processus de délivrance des RCCM, la dématérialisation des actes d’urbanisme et l’élaboration de la Charte Nationale de la petite et moyenne entreprise font partie de cette catégorie. Par contre, les recommandations telles que l’extension de l’application mybusiness.cm, l’élargissement du dispositif de mesure des flux d’énergie sur le réseau, la création des tribunaux de commerce, la révision de la loi sur les établissements classés restent attendues. Au final, le Cameroun a perdu trois places sur le classement Doing business même sa distance à la frontière (Doing Business Index) s’est légèrement amélioré, passant de 47,03 à 47,78. Les participants sont partis de Douala avec à l’esprit, l’impératif de mettre en œuvre les nouvelles recommandations tant attendues par le secteur privé afin de conduire le Cameroun vers son émergence économique.