Un 20 mai à l’ombre de la crise anglophone
C’était le seul nuage lors de la célébration de l’unité nationale au Cameroun en 2019. La situation d’insécurité dans les régions anglophones est vite apparue comme l’ombre devant gâcher la fête. Dans ces deux régions en effet, le quotidien des populations est rythmé par des actes de guerre civile constitués d’assassinats, d’enlèvements et un grand nombre d’actes de sabotage perpétrés par des bandes armées. Se réclamant de la mouvance sécessionniste qui depuis près de trois ans, a engagé une lutte armée pour obtenir la partition du Cameroun, il ne se passe presque pas de jours sans qu’il ne soit rapporté un assassinat, un enlèvement ou tout autre acte de vandalisme ou de criminalité dans ces deux régions. L’armée camerounaise à pied d’œuvre, lutte sans merci contre ces bandes qui sèment la désolation et la terreur parmi les populations. A travers des mots d’ordre de désobéissance civile, elles ont visiblement pour projet de ruiner toute vie paisible dans ces régions.
A l’approche de la fête du 20 mai, plusieurs responsables politiques se recrutant dans l’opposition sont montés au créneau pour fustiger l’inaction du régime en place qui selon eux ne fait pas assez pour mettre un terme à une situation déplorable. «Nous avons dit que nous ne pourrons plus nous permettre de célébrer la fête de l’unité, tant qu’une partie du Cameroun ne peut également le faire car étant dans la tristesse et dans la désolation », explique Joshua Osih, vice président du SDF. Une position qui rejoint celle du MRC de Maurice Kamto. Dans une note d’information signée par Noah Roger Justin, secrétaire général adjoint, le parti annonce que ses membres ne participeront «ni au défilé ni aux festivités de circonstance du 20 mai 2019» car, dit-il, «la situation sociopolitique ne s’y prête pas: le conflit armé dans les régions anglophones» continue de faire des victimes.
Pour le parti au pouvoir, de telles postures sont marquées par des velléités d’instrumentalisation de cette crise sécuritaire, à des fins politiciennes. Dans l’argumentaire de ses fervents militants, on met en avant la disposition annoncée du chef de l’État à dialoguer avec les parties en présence en vue d’un retour rapide à la paix et la sérénité dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.