Camair-Co: Un brouillard dans le cockpit
Une crise au sommet secoue actuellement Camair-Co, la compagnie aérienne nationale du Cameroun. En effet, trois mois à peine après la nomination d’un nouveau directeur général (DG) et d’un président du conseil d’administration (PCA) à la tête de Camair-Co, une correspondance traduisant l’état de conflit dans le top management de cette entreprise s’est retrouvée sur la place publique.
Ernest Massene Ngalle Bibehe , le PCA de Camair-Co, par ailleurs, ministre des Transports, a écrit, le 20 août dernier, au DG, Louis Georges Njipendi Kouotu, pour lui demander de « procéder à l’annulation pure et simple » des textes relatifs au redéploiement du personnel au sein de la compagnie aérienne. Et pour cause, indique le PCA, lors de la passation de service, le 27 mai 2019, il avait été instruit, au nouveau top management, un audit interne sur le plan des infrastructures, des ressources financières, matérielles et humaines.
« Par ailleurs, écrit M. Ngalle Bibehe, il a été demandé de tout mettre en œuvre pour stabiliser l’entreprise et bien maîtriser son environnement avant tout mouvement du personnel ». Toujours selon le membre du gouvernement, au moment où les résultats des actions à mener sont toujours attendus, le DG lui a fait tenir une correspondance où il relève « un redéploiement massif du personnel entraînant de ce fait un accroissement de la masse salariale, alors qu’il est question de maîtriser les charges pour tendre vers une autonomisation financière progressive de la compagnie ».
Aussi, le PCA décrie des nominations de certains responsables à Camair-Co sans accord préalable du conseil d’administration et la désignation de certains personnels à des postes non encore intégrés dans les textes organiques. Louis Georges Njipendi Kouotu, lui, ne s’est pas encore exprimé sur le sujet. Mais, la crise qui se vit à la compagnie aérienne du Cameroun n’est pas pour stabiliser une compagnie qui bat de l’aile depuis plusieurs années déjà.
Camair-Co est presque toujours déficitaire depuis son lancement en 2011 malgré un plan de redressement proposé en 2016 par le cabinet américain Boeing Consulting. Ce plan prévoit, entre autres, l’apurement d’une dette de 35 milliards FCFA, l’injection de 60 milliards FCFA, le redimensionnement du réseau à près de 23 destinations, la modernisation de la flotte avec le passage à douze aéronefs. Seulement, ce plan tarde à être mis en œuvre.