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International

Un nouveau Premier ministre à Bangui

Mai 23, 2019

Firmin Ngrebada, 51 ans, est le porte – étendard d’une union nationale dont il est chargé de la construction depuis le 25 février 2019, date de sa nomination. 

  « Discret mais central »… « L’homme du rapprochement Moscou – Bangui »… « Le Foccard de Touadéra »…Sur les rivages de l’Oubangui autant que dans ces discussions qui se passionnent des visages de la Centrafrique d’en-haut, la fiche signalétique du nouveau Premier ministre nous le présente sous des dehors qui en font une cheville ouvrière qui tire les ficelles les plus sensibles de la République centrafricaine tout en préférant l’anonymat et la discrétion. Un serviteur de l’ombre qui fuit la lumière traitresse des projecteurs mais dont la puissance tentaculaire atteint les terres les plus éloignées, notamment outre – atlantique. Les premières alertes de Firmin Ngrebada, né le 24 mai 1968, retentissent pendant ses années de directeur de cabinet. Il s’agit d’un inspecteur du travail et des lois sociales dont le carnet d’adresses est révélateur de son ancrage dans les lobbies russes et précisément à des niveaux remarquables de la nomenklatura. Toujours dans le langage du silence et loin du regard voyeuriste des chancelleries occidentales, Firmin Ngrebada devient progressivement la coqueluche de Sergeï Lavrov, patron de la diplomatie russe, et c’est tout aussi graduellement qu’arrivera la signature de l’Accord militaire entre Bangui et Moscou. Un coup d’éclat générateur de dividendes logistiques dans un pays, la Rca, où l’essentiel de l’équipement militaire est disséminé dans ces maquis que contrôlent les bandes armées. Mais ce quinquagénaire sait garder les pieds sur terre et restituer les mérites à qui de droit : lui, Firmin, serait tout simplement l’écho sonore qui répand un évangile que Faustin Archange Touadera, le président, énonce et rédige.

  La nomination de Firmin Ngrebada, trois semaines après la signature d’un accord de paix à Khartoum au Soudan entre les autorités et les groupes armés le 6 février, apparait dans un contexte centrafricain de tous les jours, celui notamment d’un pays où 80% du territoire est sous la suzeraineté de seigneurs de guerre qui atteignent la centaine, et où l’autorité du président Touadéra ne va pas toujours au-delà de Bangui. Et pourtant, l’ancien « dircab » est présenté, très certainement à raison, comme la figure de prou d’un processus de paix qui est dans une phase encore préliminaire et qui démarre par la nomination d’un « gouvernement inclusif ». Une formule qui agace le public de la société civile internationale qui s’accommode très mal de voir d’anciens maquisards et autres spadassins traqués par la justice internationale dissimuler les atrocités qui sont leurs dans de jolis costumes de membres du gouvernement ou de parlementaires. Mais dans un pays où les crépitements de kalachnikovs résonnent depuis 2013, prologue d’une crise d’abord identitaire et plus tard civile, les froncements de sourcils des organisations non gouvernementales cèdent progressivement la place aux exigences de la realpolitik façon centrafricaine.

« Inclusif ». Un terme de seulement 8 lettres, mais porteur d’un aspect éminemment  symbolique et doublement stratégique. D’abord parce que les rebelles, tel que contenu dans les Accords de Khartoum, veulent quitter les tranchées et s’assoir à la table de ceux qui décident du lendemain de la Centrafrique. Ensuite parce que le seul nom de Firmin Ngrébada représente quelque chose d’important dans la Centrafrique d’aujourd’hui : si les Russes deviennent de plus en plus présent dans les rues de Bangui depuis quelque temps, c’est grâce à lui. Si l’équipement militaire des forces armées centrafricaines est parti de zéro pour un niveau légèrement tenu à l’écart de l’âge de la pierre taillée, c’est encore par son précieux entregent. Et si son président passe de douillettes nuits avec un bataillon payé en rouble qui patrouille autour de son plumard, il y a encore du Ngrébada…

Ngrébada sur la sellette

 Mais le langage le plus difficile chez les rebelles est de se taire. L’exaspération a de nouveau atteint un point culminant quand apparaitront aux Centrafricains les 36 visages du gouvernement dit « inclusif ». Ce qui arrivera des heures après fut un claquage tapageur de portes et une progression de la nervosité au sein des groupes armés qui désavouent un gouvernement dont les tendances sont chichement hétéroclites, c’est-à-dire en clair désaccord avec les arrangements de Khartoum. « Firmin Ngrebada n’est plus crédible, il ne fait donc plus office d’interlocuteur pour la suite du processus et doit être remplacé aux fonctions de Premier ministre », écrivent en chœur les signataires parmi les 14 groupes armés participant à des discussions ouvertes depuis le 6 mars dernier à Addis-Abeba en Ethiopie pour tenter de sauver et faire respecter les termes de l’accord de paix. Les rebelles reprochent au Premier ministre centrafricain la petitesse d’un gouvernement qui aurait dû prévoir 5 portefeuilles par groupe armé. Firmin Ngrébada aura beau insister sur les restrictions budgétaires des barons de Bretton Woods et la rationalisation des dépenses de l’Etat qui proscrivent toute largesse compensatoire de quelque nature que se soit, le voilà désormais exposé à une machine à baffes qui lui fait le reproche de s’être servi d’un cartésianisme managérial au lieu de permettre un dépeçage du gâteau Centrafrique.   

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