Standing ovation pour DIKONGUE PIPA
Les deux réalisateurs camerounais Dikongue Pipa et Jean Pierre Bekolo ont sauvé l’honneur du Camerounà cette 26èmefête du cinéma africain.
Une édition qui a consacré une fois de plus la domination du cinéma ouest africain. Maigre moisson pour le cinéma camerounais qui a encore peiné à se hisser au firmament du 7ème art africain. Les 50 ans du Fespaco cette année ont rendu un vibrant hommage aux compagnons de premières heures de cette grandes aventure. Le camerounais Jean Pierre Dikongue Pipa a vu un monument à son image érigé, trônant désormais à la célèbre place des cinéastes de Ouaga depuis le 24 février dernier. C’est sur, désormais, le statut en bronze de l’unique Yenenga camerounais décerné au cinéaste il ya plus de 40 ans trône désormais à la place des cinéastes de Ouaga. Un monument inauguré par les membres du comité d’organisation du Fespaco en présence du ministre camerounais des arts et de la culture Ismaël Bidoung Kpwattà la tête d’une forte délégation. Pour l’occasion, la version relookée de son film « Muna moto » a été projetée à l’ouverture le 23 février dernier. Une introduction d’avant projection du célèbre réalisateur Martin Scorsese invité du festival a presidé l’ouverture de la séance. Muna moto a été retravaillé en 2019 à la cinémathèque de Bologne en Italie ceci dans le cadre d’un projet de restauration de vieux films dans le monde baptisé Words cinema project, un projet piloté par The Film Foundation de l’américain Martin Scorsese en partenariat avec la fédération panafricaine de cinéma (Fepaci) et l’Unesco. Tout en remerciant grandement l’Afrique pour cette reconnaissance, Dikongué Pipa a réaffirmé sa fierté d’appartenir au Cameroun et s’est souvenu de sa première pièce de théâtre qui s’intitulait ‘ l’inévitable compromis’ tout en rappelant aux invités présents que « Muna moto » a été enseigné dans toutes les écoles du monde.
Patrimoine africain
Pour lui, ce long métrage est désormais un patrimoine africain. « Ce film qui me met à l’honneur aujourd’hui appartient désormais au large public. Muna moto me rappelle ces années où les cinéastes passaient des nuits sans sommeil à réfléchir sur l’avenir du cinéma africain » a déclaré le doyen du cinéma camerounais. Il faut préciser ici que selon la tradition du Fespaco, tous les lauréats du Yenenga d’Or ont chacun un monument sur un espace baptisé la place des cinéastes en 1985 par Thomas Sankara. Dikongué Pipa était un grand absent de celle-ci parce qu’il revient à chaque Etat d’implanter le monument de son lauréat. 43 ans après, c’est une structure privée (Cordia Prod) de Michel Kuaté qui a décidé de porter ce projet et implanter ce monument lors de cette grande messe du cinéma africain. Le ministre des arts et de la culture du Cameroun a également profité de ce rassemblement pour rencontrer les acteurs du secteur des industries culturelles et créatives du Cameroun présent à Ouaga. Il ressort de ses propos que l’artiste est au centre des préoccupations et actions de l’Etat, et que le Minac entend fédérer les énergies avec ceux-ci pour communiquer d’une seule voix. Il a précisé qu’il était venu à la tête du ministère des arts pour faire bouger les lignes et qu’il n’avait aucune intention d’échouer. Tout en mettant en garde contre les esprits ambigus qui n’auront pas de place àses côtés. Un discours qui n’a pas toujours convaincu toute la délégation camerounaise. « Les artistes ne sont pas des personnes que l’on gouverne se sont des gens qui pensent que les pouvoir publics doivent être des partenaires pour eux. On doit mettre à leur disposition des moyens pour évoluer. La délégation camerounaise s’est battue par des moyens privés pour exister. Ca jamais été une volonté des pouvoirs publics. Chapeau à ces cinéastes qui chaque jour font battre le cœur du cinéma camerounais. » Ajoute ici Martial Nguéa.
Au final, le plus grand gagnant de cette expédition camerounaise à Ouaga est sans doute Dikongué Pipa qui a reçu la reconnaissance du monde du cinéma africain jean –pierre Dikongué pipa est réalisateur, né en 1940 à Douala, il a fait ses études de cinéma au conservatoire du livre du cinéma français (CLCF) de Paris. Pour l’instant, le seul camerounais à avoir gagné l’Etalon d’or de Yenenga au Fespaco avec son film « Muna Moto ». Le Fespaco ayant tenu à honorer pour ce cinquantenaire les doyens du cinéma africain dont les films sont passés en version retro. Grand clap pour le doyen du cinéma camerounais qui a eu lors de ce rendez-vous du 7 ème art, une journée consacrée à sa prestigieuse carrière et à sa vie.