Gouvernement Dion Ngute: La transformation comme pierre d’angle
Quelques 100 jours après sa nomination par le chef de l’Etat Paul Biya, le Premier ministre du Cameroun, Dr Joseph Dion Ngute peut se prévaloir de donner chair, esprit, sens et corps au cap fixé à son gouvernement : réduire au maximum les importations et promouvoir le Made in Cameroon en dopant la production locale, accélérer la croissance, promouvoir et consolider les piliers du vivre ensemble, réduire le train de vie de l’Etat, aller vite, produire des résultats patents et palpables, être efficace, et tant de chantiers encore. Que peut-il avec son équipe dans un contexte où tout semble urgence. Esquisse de réponse.
Bien qu’il soit évident que le Premier ministre Joseph Dion Ngute et son équipe doivent relever de nombreux défis sur différents fronts – à l’instar de la nécessaire efficience à donner aux transformations indispensables sur les plans politique, économique et social de la Nation, ou encore l’urgence de solutions définitives à apporter aux questions sécuritaires auxquelles le pays fait face -, la transformation de la production locale est, sans conteste, au fronton des priorités du premier Gouvernement du « septennat des grandes opportunités ».
A l’observation et à l’écoute, les importations des produits de grande consommation constituent une préoccupation constante du Gouvernement depuis le début de l’année 2019. Lequel s’attèle de manière active à la mise en place d’une politique de transformation industrielle des produits agricoles locaux. Au cœur de la stratégie et de l’opérationnalisation de la politique gouvernementale en la matière, le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, Gabriel Dodo Ndoke explique qu’il faudra absolument actionner trois leviers essentiels sur les plans institutionnel, opérationnel et pour ce qui est de l’accompagnement des producteurs et investisseurs.
Dans les faits, une technopole agro-industrielle sera bientôt mise sur pied dans l’arrondissement de Nkoteng, dans la région du Centre. Elle devra transformer 800 000 tonnes de produits agricoles en phase de démarrage, et plus de 2 000 000 de tonnes quatre ans après. L’impact de ce projet s’étend sur six régions. Le Centre, le Sud l’Adamaoua, l’Ouest et le Littoral. D’autres projets similaires sont en maturité, à l’instar du complexe agroalimentaire de Kaélé, dans la région de l’Extrême-Nord, où est transformé du maïs, du sorgho, de l’oignon, de la viande de bœuf et de porc.
Aux quatre coins du pays, bulldozers, engins de toutes sortes, ingénieurs, ouvriers, terres retournées dans tous les sens, pistes et voies en travaux donnent sens à la promesse faite par Paul Biya d’un pays en chantier. Chantiers routiers qui s’accélèrent pour désenclaver, de toute évidence, bassins de production, ouvrir les autoroutes du développement national et local, articuler la connexion entre villes et campagnes.
Dans son engagement à promouvoir le Made in Cameroon, le Gouvernement a pris conscience du rôle crucial que les petites et moyennes entreprises locales doivent jouer dans la création des chaînes de valeurs. Ministre des petites et moyennes Entreprises, de l’Economie sociale et de l’Artisanat, Achille Bassilekin III préconise dès lors de renforcer leurs capacités en leur facilitant l’accès aux financements.
Autre défi et pas des moindres pour le Gouvernement du 4 janvier 2019 : la transformation politique de la Nation. Sur ce point précis, tout porte à croire que c’est sous ce septennat que les conseils régionaux rentreront en scène. Le Gouvernement a en effet soumis aux parlementaires, au cours de la session de mars 2019, un projet de loi « fixant le nombre, la proportion par catégorie et le régime des indemnités des conseillers régionaux ». La loi adoptée – et en attente de promulgation par le président de la République – fixe à 90 le nombre de conseillers par région : 70 seront investis par les partis politiques tandis que 20 devront représenter le commandement traditionnel. Le texte stipule entre autres que chaque arrondissement doit avoir au moins un conseiller. Les conseils régionaux viendront ainsi matérialiser la mise en place effective de toutes les institutions prévues par la Loi fondamentale du Cameroun. De même, leur entrée en scène contribuera sans doute à donner un coup d’accélérateur au processus de décentralisation en marche.
Dans cette perspective, le Gouvernement semble anticiper sur la place et le rôle que devra jouer la fonction publique locale. C’est l’un des sens à donner au recensement du personnel des Collectivités territoriales décentralisées (CTD) auquel se livre le ministère de la Décentralisation et du Développement local. L’idée étant de doter celles-ci, le cas échéant, de personnels qualifiés et outillés pour travailler efficacement à l’amélioration des conditions de vie des Camerounais.
La tâche qui attend le chef du Gouvernement et ses ministres est immense. Dion Ngute et son équipe donnent l’impression d’en avoir pleine conscience, avec des présences plus que remarquées sur les fronts qui appellent l’action, une exigence de résultats dans les délais, des recadrages et sanctions sans frais, etc. Les objectifs ont été à chaque fois rappelés lors des trois premiers conseils de cabinet présidés par Joseph Ndion Ngute à l’Immeuble étoile ? Et, marque particulière parmi d’autres, l’exigence des résultats, avec des comptes rendus à faire conseil après conseil, ou de manière directe en temps « presque ordinaires », dans un mélange de bienveillance et de rigueur… morale.
Devant les Camerounais, le Président de la République Paul BIYA a pris l’engagement, lors de son investiture, d’un « septennat décisif pour notre pays ». Et d’ajouter qu’il « pourrait même être l’un des moments les plus importants de notre histoire depuis l’indépendance ». A Joseph Dion Ngute et son équipe de faire en sorte que cet engagement soit bien tenu, au-delà de ces 100 premiers jours. Et, surtout, les jours dits.