L’épervier reprend son envol
Vaste opération judiciaire d’épuration des mauvais réflexes de certains gestionnaires de la fortune publique, l’opération épervier lancée en 2006 a repris son essor avec une rare acuité, depuis le 02 mars dernier.
De nombreuses personnalités du monde politico-administratif du Cameroun sont détenues depuis le mois de mars dernier dans les geôles de la prison centrale de Yaoundé. Le président de la République a en effet donné deux signaux importants des les premières semaines de ce mois de mars. Le 02 mars, Paul Biya réorganise l’équipe gouvernementale. Certains responsables jugés intouchables dans le sérail quittent le navire. Le 15 mars, lors du conseil des ministres le président parait sentencieux dans son discours. « Je voudrais vous réitérer très fermement mes instructions sur la nécessité d’une utilisation rationnelle des ressources publiques, la réduction du train de vie de l’Etat et la lutte contre la corruption » a-t-il déclaré. Quelques jours après l’épervier a commencé à déployer ses serres.
Parmi les sept ministres élargis le 02 mars dernier deux sont devant Tcs.
L’ancien ministre de l’Eau et de l’énergie Basile Atangana Kouna a été arrêté le 22 mars dernier au Nigéria par Interpol. Quelques jours avant son arrestation, des rumeurs ont prétendu qu’il avait été arrêté à Kribi. Une autre rumeur le disait en fuite au Canada. Cité dans plusieurs scandales de détournements de deniers publics, Basile Atangana Kouna était interdit de sortie du Cameroun depuis le 08 mars.
Ancien directeur de l’institut supérieur de technologies de l’université de Douala entre 2003 et 2004 et ex-secrétaire d’Etat auprès du ministre des travaux publiques chargé des routes Louis Max Ayina Ohandja est poursuivi pour sa gestion de l’institution dont il fut jadis le Directeur. Interdit de sortie du territoire le 19 mars il est interpellé le lendemain avec le Professeur Bruno Bekolo Ebe avec qui il est accusé de complicité de détournement de dénier publics.
Opération d’épuration des mœurs ou de purge politique
Dans son discours inaugural le 06 novembre 1982, Paul Biya a fixé le cap et a donné une orientation claire sur les piliers sur lesquels sa politique allait être érigée. Rigueur et Moralisation. Visiblement, le discours présidentiel n’avait pas été entendu par les responsables qui devaient l’accompagner dans la réalisation de son projet de société. Conduire le Cameroun vers l’émergence. De nombreux hauts fonctionnaires ont malgré l’alerte présidentielle fait de la prévarication de la fortune publique leur sport favoris et quand ses derniers sont rattrapés par la justice, on cris à la purge politique. On argue que le président s’emploi à éliminer ses adversaires politiques. A quel dessein ? Le président de la république jouit d’une popularité auprès de ses concitoyens qui lui permet de remporter haut la main tous les scrutins qui sont organisés depuis 1992, date du retour au multipartisme au Cameroun. Paul Biya dirige le principal parti politique du pays, le Rdpc qui vient de remporter avec un succès éclatant les élections sénatoriales avec 87% de suffrages exprimés. Pour toutes ces bonnes raisons on ne saurait valider la thèse de la purge politique.
Qui sera la prochaine victime ?
Le 03 novembre 2011, Paul Biya fraichement réélu à la tête de l’Etat martèle dans son discours d’investiture : « … Je dois dire que les comportements individuels ne sont pas toujours en harmonie avec la solidarité qui devrait étre la marque d’une société démocratique. Trop souvent, l’intérêt personnel prend le pas sur l’intérêt général. Cet état d’esprit est à l’origine de ces dérives sociales que sont la fraude, la corruption voire la délinquance. Même si le chômage, la pauvreté et les inégalités peuvent expliquer en partie le déclin de la morale publique, nous devons réagir avec encore plus de fermeté contre ces comportements délictueux ». Toutes les personnalités qui s’écarteront de la ligne prescrite par le chef de l’Etat pourront être rattrapées par les serres de l’épervier. Et dieu sait que de nombreuses personnalités sont aujourd’hui interdites de sortie du territoire. C’est un signe fort.