Cameroun-Commonwealth: Un partenariat renforcé
En visite en terre camerounaise en décembre dernier alors que la crise anglophone bat son plein, Patricia Scotland en a saisi l’occasion pour appeler au dialogue pour la paix et l’unité nationale.
Un séjour de cinq jours qui aura permis de faire le bilan de la coopération entre le Cameroun et le Commonwealth et de se pencher sur la crise qui secoue les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest du pays depuis novembre 2016. Ainsi peut-on résumer la visite de Patricia Scotland, la Secrétaire générale du Commonwealth, du 18 au 22 décembre dernier au Cameroun. Et pour ne négliger aucun détail, Patricia Scotland s’est entretenue avec le chef de l’État camerounais, Paul Biya, de nombreux officiels gouvernementaux, des parlementaires de la majorité et de l’opposition, ainsi que des personnalités de la société civile.
Le Cameroun, un partenaire de choix
« Le Cameroun est un membre très important et précieux du Commonwealth », a précisé Patricia Scotland dans son discours lors du déjeuner officiel offert en son honneur au Palais de l’unité le 19 décembre à la suite de l’audience que lui a accordée le président de la République, Paul Biya. La Secrétaire générale du Commonwealth a exprimé sa tristesse face aux difficultés que traverse le Cameroun actuellement, ce pays réputé havre de paix et de stabilité. Elle a exhorté les Camerounais à préserver la paix et l’unité et à privilégier en toute circonstance le dialogue. Selon Patricia Scotland, « un Cameroun prospère est une Afrique prospère et un Commonwealth prospère. » Le Chef de l’Etat, Paul Biya, a quant à lui fait le point de la situation sociopolitique et économique du pays marquée notamment par la guerre contre le groupe terroriste Boko Haram et a rappelé toutes les mesures prises par le gouvernement pour apaiser la situation dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Paul Biya tout en réitérant sa volonté de dialoguer s’est tout aussi montré ferme sur sa détermination à rétablir l’ordre et à punir les coupables des assassinats dans les localités concernées.
L’escale cruciale de Buea
Alors-même que les autorités avaient voulu l’en dissuader pour des raisons sécuritaires, la Secrétaire générale du Commonwealth y a tenu afin de tâter du doigt la réalité et de donner le point de vue de son organisation pour une sortie de crise. L’arrêt de Buea qui ne figurait donc pas dans le programme officiel de sa visite au départ, a finalement été une escale essentielle du séjour de Patricia Scotland. « Tous ceux qui ont pris part aux discussions l’ont fait dans un esprit de coopération et d’inclusion, alors que nous travaillions à un dialogue constructif qui permettra au Cameroun d’avancer en tant que nation pacifique et unifiée qu’il a toujours été », a déclaré Patricia Scotland après la rencontre des diverses personnalités y compris des chefs traditionnels à Buea. Intervenant dans un contexte de violences et des assassinats des éléments des forces de défense et de sécurité par des groupuscules se réclamant des mouvements sécessionnistes dans ces régions, cette visite a permis à la Secrétaire générale du Commonwealth d’être mieux édifiée sur la situation. Aussi, avec cette visite, une institution internationale s’est, pour la première fois, impliquée dans la crise anglophone.
L’appel à un dialogue inclusif
Peu avant son départ du Cameroun le 22 décembre, la SG du Commonwealth a dressé le bilan de sa visite au cours d’un point de presse organisé à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen. Patricia Scotland a appelé les Camerounais à engager « un dialogue franc, sincère, compréhensif et inclusif » pour trouver des solutions à leurs divergences. Cette demande, a-t-elle précisé, émane des échanges avec les différents acteurs rencontrés au cours de son séjour tant à Yaoundé qu’à Buea. Elle a rappelé pour cela les principes et valeurs du Commonwealth axés sur l’égalité, la non-discrimination, la démocratie et l’Etat de droit. « Ce dialogue doit se faire sans préalables et sans a priori », dixit Patricia Scotland. Elle conseille d’ailleurs d’adopter des attitudes favorables et de cultiver la capacité d’écoute de l’autre. Cependant, pour le patron du « Club des Gentlemen », il est clair que pour un dialogue honnête et constructif « c’est aux Camerounais de décider de sa forme, de son contenu et des modalités de participation ». Le Commonwealth, a-t-elle rappelé, bien que disposé à accompagner ce processus par son expertise et son appui technique, ne pourra intervenir que si le Cameroun en exprime le besoin. La Secrétaire générale du Commonwealth, en souvenir de cette visite en terre camerounaise, a été élevée par le Chef de l’Etat à la dignité de Grand Officier de l’Ordre de la Valeur, la plus haute distinction honorifique accordée à un dignitaire étranger.