Anglophobie, Ce slogan à l’épreuve du temps….
Comme un nuage qui annonce l’orage alors même qu’on se pose déjà la question de savoir si les “héritiers” de John Ngu Foncha et d’Amadou Ahidjo ont oubliés le passé, le sujet est sur les lèvres de presque tous les Camerounais. Du nord au sud du pays, en passant par les communautés Grassfield, Bamoun, Bamiléké, Bassa, Duala, Bulu, pygmées et bien d’autres. Le Cameroun serait-il face à une énième crise que l’histoire n’aurait pas tranchée ? Les malheureux événements du 1er octobre dernier dans les zones dites anglophones avec une déclinaison qualifiée de mobilisation générale de la nation à travers les zones dites francophones du pays face à ce que du côté du pouvoir on appelle les “aventuriers”, ne donnent qu’une seule impression, celle d’une blessure mal soignée, mieux encore d’un malade convalescent. A l’origine, un malaise évident sur fond de repli communautaire et de revendications corporatistes qui s’est transformé au fil du temps en une revendication sécessionniste ou fédéraliste pour ceux qui pèsent leurs mots. Que non ; on assiste à une véritable mue des consciences des pères fondateurs de la Réunification dont les velléités d’aujourd’hui semblent s’appuyer sur les valeurs des langues dites coloniales. Mais peut-on bâtir une nation sur des critères de langues importées et imposées à nos ancêtres ? Et si c’était le cas, bien des Camerounais devraient donc se revendiquer de parler “allemand”. Ces langues imposées, qui ont connu des fortunes diverses avant que les autochtones finissent par abandonner les pas de leurs ancêtres. Aujourd’hui plus que jamais le Cameroun est un Etat unitaire, depuis le referendum du 20 mai 1972.
Jusqu’à cette date, les deux Cameroun qui s’étaient réunis dans un premier temps à la conférence de Foumban, avaient jeté les bases d’un Etat engagé sur le chemin de la réunification. Dans cette optique, des efforts avaient été consentis dans les deux camps afin de faire du Cameroun un pays uni dans sa diversité. Des années plus tard, lors de la célébration des cinquantenaires de l’indépendance et de la réunification du Cameroun, les langues continuent à se délier sur le pour ou contre la réunification. Ces anglophones, au prétexte de vouloir revoir le partage du gâteau, semblent bien dessiner leur chemin face à un pouvoir de Yaoundé devenu plus rigide et ferme sur la notion d’Etat unitaire inscrite en lettres d’or dans la Constitution. Malgré le dialogue qui tarde à trouver médiateur, les deux camps veillent au grain afin d’occuper l’espace médiatique au mépris du suffrage universel, seule voix à la légitimité du pouvoir. Le problème qui dure depuis plus de neuf mois avec au passage ses conséquences néfastes, continue de nourrir les débats à l’intérieur comme à l’extérieur du pays et même au-delà. C’est d’ailleurs sous ce prisme que le tout nouveau secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a fait une escale de trois heures de temps au cours de laquelle il a eu un entretien au palais de l’Unité avec le président Biya le 28 octobre dernier. Parmi les sujets abordés entre les deux hommes, une place de choix sera accordée à la crise anglophone. On se souvient déjà que l’ONU a appelé le président camerounais à libérer les prisonniers dits de la crise anglophone avant d’inviter les autorités de Yaoundé à ouvrir le dialogue.
Aicha Nkouandou